Je suis allée me perdre assez loin de chez moi pour visiter Souvigny(03). Ce village propose tous les ans un festival des Saltimbanques à l’ambiance médiévale et dont on m’avait très souvent vanté les vertus. Hier vendredi 5 août 2010 toutes les conditions étaient réunies pour faire d’une pierre deux coups : Visiter le village et par la même occasion tester son animation « médiévale ». Voici mes impressions.
« Près de 15 minutes à trouver un stationnement, pire qu’une chasse au trésor ! »
Après une heure trente de route à travers la forêt de Tronçais direction Moulin nous sommes arrivés dans l’antre de Dragon…Ah non ça c’était mon rêve de la nuit d’avant… Nous sommes donc arrivés dans le village en fête où nous avons mis près de 15 minutes à trouver un stationnement, pire qu’une chasse au trésor ! Les places de parking bien situées sont très difficiles à trouver surtout lorsque les grosses voitures prennent la place de deux afin de ne pas avoir de petite rayure sur leur belle carrosserie brillante et étincelante. Qu’à cela ne tienne, mon carrosse à moteur était d’une taille réduite une marche arrière et quelques manœuvres plus tard et nous étions stationnés bien au chaud dans un mouchoir de poche.
« Moi qui à mes début adorait cette ambiance d’épices, de costumes et de musique, je me suis sentie flouée, arnaquée prise pour une imbécile tant le côté historique de la chose était malmené ridiculisé piétiné par tout ce monde.»
Nous voici en marche vers le centre de village d’où émanait un bruit sourd mêlant cornemuse, tambour et autre flûte. Ma première impression en rencontrant certaines personnes costumées ne fut pas de bon augure. Des oreilles pointues d’elfe ou de Spoke je ne saurais pas vraiment vous dire, des maquillages tout droit sortis d’avatar ou de Braveheart là aussi je ne saurais choisir et surtout beaucoup plus de voitures que de gens dans les rues, très étrange tout ça… Au fur et à mesure de ma visite je suis passée de la consternation au désespoir historique en passant par l’agacement et la frustration. Je n’ai pas l’outrecuidance de dire que j’ai la science infuse en matière de costume historique, mais j’ai des bases solides et je m’y tiens ! Moi qui à mes début adorait cette ambiance d’épices, de costumes et de musique, je me suis sentie flouée, arnaquée prise pour une imbécile tant le côté historique de la chose était malmené ridiculisé piétiné par tout ce monde.
Les artisans ne sont pas les plus à blâmer, ils font leur boulot de vendeur et ne peuvent pas réaliser uniquement des pièces de reconstitution. Mais les troupes et l’organisation !!!! Devant les loueurs de costume de belles photos des primitifs flamands du XVème siècle et à l’intérieur de la panne de velours du synthétique, de la viscose, des manches XIIème accompagnées d’escoffions XVème, des paillettes, du bling bling et j’en passe tant l’anachronisme était présent! Les personnes compréhensives diront que les bénévoles font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Mais depuis 15 ou 16 ans que cette fête existe ils ont eu le temps de se remettre en question et d’affiner leur choix de costumes. J’ai vu de jeunes femmes habillées en Xéna la guerrière ou presque car même là la fidélité dans la restitution du costume était à revoir. Au niveau des troupes, le Leonardo Carbone régnait en maître, le but pour les femmes étant la concurrence à celle qui serait la plus sexy. La mauvaise ambiance aussi régnait aux côtés du mauvais goût. Les visages étaient tristes, les mines déconfites, on se demandait même ce qu’ils faisaient là. Peu de démonstration d’artisanat et si il y en avait, pas d’explication historique.
« Un repère de fans de l’héroic fantasy qui ont du mal à faire la part entre réalité historique et réalité fantasmée. »
En conclusion, cette dernière expérience m’a conforté dans mon envie d’éviter ce genre de manifestation et de me tourner vers l’histoire pure et dure qu’il est possible d’étudier à l’université. Ce qui me dérange le plus c’est l’image du moyen-âge qu’en retire un public néophyte et peu informé en sortant de ces manifestations. Ce qui était à la base d’une belle initiative de vulgarisation du savoir et de communication auprès du jeune publique afin de les passionner pour l’histoire devient au fil du temps un repère de fans de l’héroic fantasy qui ont du mal à faire la part entre réalité historique et réalité fantasmée.